17.7.13

L'éthique des publications est un thème ignoré par les rédacteurs et les lecteurs


    Les mauvaises pratiques en science, et notamment en sciences de la vie existent. Ces mauvaises pratiques sont un continuum entre action volontaire et action involontaire, souvent par ignorance méthodologie ou ignorance des bonnes pratiques. Historiquement les mauvaises pratiques dans les publications étaient appelées FFP pour ‘Fabrication, Falsification, Plagiat’. Ce concept FFP est très utilisé en Amérique du Nord, car il correspond aux définitions officielles des organisations fédérales, et de l’Office of Research Integrity.

La plupart des experts pensent que les mauvaises pratiques ne se limitent pas à fabrication et falsification des données, ainsi qu’au plagiat. Un groupe de rédacteurs et experts anglais [1] a proposé une définition plus large en 2012 pour les mauvaises pratiques : « Il s’agit du comportement, intentionnel ou non, d'un chercheur qui ne respecte pas toutes les bonnes pratiques éthiques et scientifiques. Les mauvaises pratiques scientifiques comprennent la fabrication, la falsification, la suppression, ou la manipulation inappropriée de données ; la manipulation inappropriée d'images ; le plagiat ; les reportages trompeurs ; les publications redondantes ; les mauvaises pratiques des auteurs comme les fantômes et les invités ; l'oubli de citer les sources de financement ou les liens d'intérêts ; la mauvaise présentation du rôle du financeur ; et la recherche non éthique (par exemple, non obtention du consentement des patients) ». 

Ce sont les articles, les revues qui sont en première ligne pour suspecter, et parfois découvrir de mauvaises pratiques. Cette définition est plus large et montre que beaucoup de comportements ne sont pas admissibles en science. Ces pratiques gaspillent des ressources, mettent en péril la crédibilité de la science, et peuvent engendrer des risques (par exemple pour les patients et le public). Pourquoi The Lancet, dans un éditorial du 2 février 2013 [2], suggère que 85 % des 160 milliards de dollars dépensés annuellement en recherche seraient gaspillés ? Cette hypothèse a été émise par Iain Chalmers, un des fondateurs de la collaboration Cochrane. Ce ne sont pas que des mauvaises pratiques, mais ce chiffre est effrayant.
     Quant au contenu non éditorial des revues (publicités, annonces diverses,..), il n’est en général pas ou peu contrôlé par les comités de rédaction. La publicité a alors un contrôle externe par des institutions dans certains pays. Rares sont les comités de rédaction qui relisent les publicités, et donnent leur avis. La plupart des revues refusent des publicités contraires à la santé publique (tabac par exemple, dans les pays où ces publicités existent).
Lutter contre les mauvaises pratiques est difficile et deux stratégies se complètent : les règles et codes d’éthique, la formation des chercheurs (juniors et surtout séniors qui croient savoir sans avoir été formés). La stratégie d’avoir des organismes publics chargés de détecter et condamner les fraudes scientifiques est rare. Seuls les Etats-Unis, le Danemark, et le Royaume-Uni ont des organismes spécifiques pour la fraude scientifique. La France est en retard, comme la plupart des pays de culture latine..   mais l’Asie ne semble pas concernée par ces débats (bien que la fraude scientifique y existe).
Les codes d’éthique de la recherche sont nombreux, et ont été développés par des Institutions de recherche. Spécifiquement les rédacteurs de revue ont créé un organisme à but non lucratif, sans pouvoir de décision, pour discuter des fraudes et diffuser des codes d’éthique. Il s’agit du Committee OnPublication Ethics (COPE), un réseau de plus de 7000 rédacteurs de revues. Le 3ème congrès mondialde l’intégrité scientifique a été organisé à Montréal, Canada, du 5 au 8 mai 2013, et révisé une déclaration en 20 points qui n’a pas encore de traduction française : « Montreal Statement on Research Integrity in Cross-Boundary Research Collaborations ».

Les pratiques liées aux revues électroniques, voire aux sites internet mettant en ligne des contenus éditoriaux d’accès gratuits ont été peu étudiées. Il existe tout le spectre de la qualité : du meilleur au plus mauvais. Pour les revues biomédicales à comité de lecture, les enjeux sont les mêmes que le support soit imprimé ou mis en ligne, et détecter les fraudes n’est pas spécifique à l’électronique. Pour tous les blogs, et sites dans lesquels des contenus sont diffusés, il existe une variabilité en ce qui concerne la qualité du contenu. Tout ceci est lié à la crédibilité des équipes qui produisent ces informations. Cette évaluation est difficile pour le lecteur, d’autant plus que des labels comme le ‘HON code’ sont trompeurs car ils n’évaluent pas la qualité. Ces labels examinent des processus de production, et n’évaluent pas les contenus.

HM.

Bibliographie:
[1] A consensus statement on research misconduct in the UK. BMJ 2012;344:e1111 -accès restreint-
[2] What is the purpose of medical research ? The Lancet 2013 ;381 :3

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