31.12.12

Le navire de la Recherche fait escale à l’ENKRE

    Pour terminer l'année 2012 sur une note encourageante et une bonne initiative pour la recherche en rééducation. 

   Le 29 novembre dernier à l’occasion des « soirées de l’Ecole Nationale en Kinésithérapie et Rééducation (ENKRE). », 3 intervenants ont présenté des travaux de recherche en rééducation. A la suite de chaque exposé s’ensuivait un dialogue initié sur le contenu méthodologique par 3 « discutants » qu’étaient le Pr Gagey, le Pr Pillu et le Pr Péquignot. Le GERAR ne peut que promouvoir ce type d’initiative qui allie recherche scientifique et pratique en rééducation.
   Ces initiatives sont encore trop peu fréquentes. Le directeur de l’ENKRE, Daniel Michon, voulait que cette soirée puisse permettre aux rééducateurs de « co-porter avec le corps médical un projet de recherche ». Un projet pédagogique initié dans cette même école et encadré par le Pr Pillu à partir de 2013 pour les 2ème année de formation initiale en masso-kinésithérapie va dans ce sens également autour de « L’initiation à la recherche ».


   Le premier intervenant  fut Jean Pierre Bleton. Il présenta un projet de soumission au PHRIP. Cet appel de fond d’investissement publique a pour mission de couvrir tous les frais de recherche occasionnés par le plan d’étude : heures de prise en charge hors temps de travail, équipe de traitement statistique et gestion administrative,etc… Le projet d’étude de JP Bleton porte sur la comparaison de deux techniques de rééducation appliquées aux dystonies, ici la « crampe de l’écrivain » ; l’une porte sur la technique graphomotrice et l’autre sur la sélectivité du mouvement chez ces patients. La méthodologie de cette étude est la résultante de plusieurs études pilotes réalisées dans un temps prolongé ayant subi un lissage au fur et à mesure des résultats de ces études préalables. L’étude se propose d’être en simple insu, le double insu étant difficile à mettre en œuvre dès lors qu’il s’agit d’une relation thérapeutique investie d’une relation humaine cognitive et/physique sous-jacente. Le simple insu peut provoquer un sentiment « d’abandon » du patient non traité par le thérapeute. Toutefois, le Pr Péquignot proposait l’idée de développer un protocole à priori équitable pour tous les patients avec entretien pour tout le monde par exemple.
   Ensuite il s’agirait de randomiser les patients une fois tous inclus dans l’étude pour différencier les traitements, les patients seraient prévenu à postériori. Cette méthode a le mérite de donner des outils d’évaluation supplémentaire en terme qualitatif en plus de l’arsenal quantitatif indispensable à une objectivation claire de l’étude. Cela ajouterait une plus-value à l’étude et un caractère pluridisciplinaire non négligeable. Le Pr Bleton insistait sur le fait qu’une étude scientifique doit être montée sans qu’aucune ambiguité et qu’aucun biais puissent interférer dans la méthodologie. Le long cheminement qui a abouti à l’élaboration de ce projet porte des garanties du bon déroulement de l’étude et conclusions à apporter. Pour cela la méthodologie doit être développée par plusieurs concepteurs d’études pour avoir une application multicentrique. Elle permettra une meilleure maitrise et une expertise qui peut être issue de laboratoires référents dans le domaine.




Les deux autres intervenants présentaient des résultats d’études réalisées dans le cadre de master recherche, l’un portait sur la prise en compte de paramètres spatio-temporels dans la marche d’enfants paralysés cérébraux et l’autre sur la prise en charge en kinésithérapie respiratoire avec réalisation ou non de fibroscopie bronchique. David MARTIN et Alex MOORE ont insisté sur la nécessité de réaliser une recherche bibiliographique approfondie au préalable. Cette phase de recherche théorique constitue la base pour pouvoir développer une hypothèse et son protocole d’étude associé. Soulignant que leurs études pilotes avaient une puissance statistique à priori faible dans leur conclusion et leur portée d’interprétation, ces références pourraient jouer un rôle d’argumentation des résultats et donner une tendance d’interprétation de ces études préliminaires. Les « discutants » ont encouragé ces deux chercheurs pour leurs prochaines études à passer d’une étude univariée à une analyse multivariée. En effet, le Pr Pillu soulevait l’évidence que chaque patient est spécifique et différent. Partant de ce principe, il sera difficile de constituer un groupe de sujets homogène qui permettrait une étude statistique.

Avis du GERAR :


   Il est évident que les futurs physiothérapeutes ont un panel de possibilités dans le champ de la recherche clinique. Ce qui peut donner le vertige pour certains au premier abord mais également de l’ambition pour d’autres. La prise en charge thérapeutique se conçoit aujourd’hui en pluridisciplinarité et pas simplement autour du PMSI cher aux gestionnaires des établissements de soin. En effet, l’efficacité et la rentabilité du soin doivent passer par la cohésion entre les différents acteurs du soin. Elle permet de mettre en valeur les spécificités de chacun d’une part et d’autre part, les problématiques seront composées de la pertinence de plusieurs points de vue. Cela donnera plus de crédibilité au même titre que les études multicentriques. 


   Si la formation initiale peut se trouver désemparée face aux problématiques en recherche scientifique, les étudiants peuvent se rapprocher des sociétés savantes en physiothérapie telles que la SFP et l’AFREK. Elles sont composées de représentants devenus référents dans leur domaine respectif. Ces membres actifs peuvent devenir des collaborateurs de qualité en termes de recherche scientifique. Visiter leur site permettra aux « scientifiques en herbe » de mesurer leur implication dans le champ de la recherche Ces dernières années, plusieurs mouvements ont voulu voir le jour pour homogénéiser ces pratiques sur la recherche clinique sans toutefois aboutir. Aujourd’hui encore, des experts valorisent ces compétences spécifiques en faire-valoir d’autres sans souligner une possible complémentarité. Cela ne sert pas la pluridisciplinarité qui pourrait se valoir d’être interne à la kinésithérapie et, espérons pour la pérennité de la science, externe à la profession. Citons alors la SFP-APA qui développe des champs de médecine physique tout aussi pertinents. Les instances dirigeantes ainsi que les futurs physiothérapeutes porteront un regard averti sur cette reconnaissance multidisciplinaire avec sa cohésion manifeste. La mutualisation des savoirs en physiothérapie n’est malheureusement que pour demain mais elle se construit dans le présent.

Avis à toutes les bonnes volontés motivées…
…pour partager ses connaissances.
NS.

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