18.7.12

AQM et pathologies arthrosiques


    L’arthrose de genou et de hanche est une pathologie récurrente qui nécessite à court, moyen ou long terme la pose d’une prothèse pour remplacer l’articulation abîmée.
Aujourd’hui la radiographie est l’examen qui permet d’identifier les signes d’arthrose tels que le pincement de l’interligne articulaire ou les géodes. Or nous savons que ces signes n’apparaissent que tardivement par rapport aux signes cliniques.
    L’objectif de cette revue systématique était donc de savoir si l’analyse quantitative de la marche (AQM) en évaluant les propriétés psychométriques pouvait être un critère de suivi dans l’arthrose. L’AQM permet d’obtenir des mesures cinématiques telles que la vitesse de marche, la longueur du pas ou les angles articulaires.
   Actuellement pour évaluer l’atteinte fonctionnelle de façon subjective lorsqu’un patient présente une coxarthrose ou une gonarthrose, ce sont des autoquestionnaires qui sont mis en place tels que l’Index de WesternOntario and McMaster University (WOMAC) ou l’Index de Lequesne
   La mise en place de l’AQM aurait pour avantages d’analyser différents critères objectifs sans que cela dépende du ressenti du patient. Et d’autre part, certains critères analysés pourraient suggérer un dysfonctionnement alors que le patient lui même ne percevrait pas d’incapacités fonctionnelles.
     Pour que l’AQM soit utilisable comme critère de suivi éventuel, il faut que les propriétés psychométriques soient validées. Elles sont définies par la faisabilité (coût de l’équipement, durée de la procédure, appareil disponible et sécurité), la reproductibilité (elle est bonne si le coefficient de corrélation intraclasse CCI est de plus de 0.80), la validité construite (évaluée par la détermination de la corrélation entre les paramètres cinématiques et les critères de suivi validés de l’arthrose [1]), la capacité discriminante (comparaison entre les paramètres cinématiques des patients arthrosiques avec les patients sains en utilisant le test de Wilcoxon), la sensibilité au changement (considérée comme le changement des paramètres cinématiques après traitement à des périodes différentes de celui-ci [1]).
   Pour élaborer cette revue de la littérature, les articles ont été recherchés puis sélectionnés sur les bases de données telles que pubmed, cohrane de 1988 à 2008, des résumés de deux congrès de 2004 à 2007 ont également fait partie de la sélection. Par la suite, un reviewer devait extraire les différentes données épidémiologiques et analyser les propriétés psychométriques. Des 252 articles identifiés au départ, les reviewers en ont gardé 30 articles en texte intégral. Au total ces articles portaient sur 343 patients coxarthrosiques et 781 patients gonarthrosiques.
   Les résultats portant sur les propriétés psychométriques, il en ressort qu’au niveau de la faisabilité rien de concret n’apparaît concernant le coût du matériel et la durée du test. En revanche il apparaît une grande variabilité dans l’utilisation des systèmes opto-électriques (18 au total). Concernant la reproductibilité, seuls trois articles s’y attachent. Dans ces articles là, la CCI était bonne toujours supérieure à 0.80. Malheureusement tous les articles ne l’ont pas analysée.
   Dans dix huit articles, il apparaît une capacité discriminante validée puisque la vitesse de marche est significativement inférieure chez un sujet arthrosique en comparaison avec un sujet sain. Et d’autre part, si la flexion de hanche n’est pas un critère discriminant chez le coxarthrosique, l’extension l’est puisque qu’elle est significativement inférieure chez ces patients. Le critère de sensibilité au changement présente des résultats contradictoires en fonction des études.
   
   En conclusion, cette revue de littérature envisage que l’AQM ne soit pas uniquement utilisée comme un moyen d’obtenir des mesures objectives de la marche mais également comme un élément diagnostic de pathologie arthrosique. L’intérêt essentiel serait d’utiliser ces données pour les appliquer à la clinique et même les utiliser comme prise de décision clinique de l’arthrose.
   De la propre expérience des auteurs, nous savons que le matériel utilisé est très onéreux et que le temps mis pour l’évaluation reste encore très important. Il faut également que soit amélioré la reproductibilité inter et intrasession des paramètres de marche. En revanche, sachant que la capacité discriminante est significative entre sujets arthrosiques et sujets sains, il faudrait la préciser pour pouvoir différencier les différents stades de l’arthrose.
   Les auteurs de cette revue restent prudents quant à l’utilisation de l’AQM dans cette situation puisqu’ils préconisent d’utiliser avec précautions les différentes données obtenues dans les différents articles. Toutes les propriétés psychométriques ne sont pas validées dans un nombre suffisant d’articles ce qui compromet les résultats.

Avis du G.E.R.A.R :
   Aujourd’hui l’AQM est utilisé comme élément d’analyse. Les résultats permettant de corroborer ou pas des éléments de l’examen clinique. L’utilisation des résultats de l’AQM comme élément diagnostic dans les pathologies arthrosiques semble intéressante. En revanche, il faudra continuer à faire des études pour affiner les résultats et les paramètres utilisés. En 2012, la littérature ne permet pas de crédibiliser suffisamment cette méthode en rhumatologie. Mais étant donné que certaines personnes dans le monde médical semblent se diriger vers une prise en charge débutant par la prévention, il faudrait continuer dans cette voie là pour que l’AQM entre autre permettent de diagnostiquer précocement l’arthrose.

Nous vous remettons en lien les vidéos de Fabrice Mégrot au sujet de l’AQM


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