11.4.12

L'activité physique comme thérapeutique ?


    Présenté dans l’un des posts précédents, les 29,30 et 31 mars, le GERAR s'est déplacé à l'UFR STAPS de l'université d'Orsay. Les membres du GERAR ont assisté aux différentes présentations, communications orales et tables rondes que proposait l'AFAPA lors de ces 16ème journées d'études et de recherches francophones en APA qui avaient pour thème cette année, la recherche et la formation en APA.


   Cet article va tenter de résumer les communications qui ont marqué les membres du GERAR.


   La première présentation s’est axée sur la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). A. Varray a insisté sur le fait que la place de l’activité physique (AP) n’était pas intuitive dans les différents programmes de réhabilitation, et que l’obstacle naturel à cette AP est lié à la dyspnée, résultante des atteintes respiratoires et musculaires des patients BPCO. De plus, il est important de souligner l’absence de corrélation entre la faiblesse musculaire et l’atteinte respiratoire. Il fait remarquer le peu de place que prennent les études concernant le rôle du cerveau dans cette pathologie. A.Varray conclut sur l’importance d’une prise en charge (PEC) adaptée au patient et tout faire pour dépasser le paradoxe de l’augmentation de la dyspnée via l’AP. Sur ce même thème, un film portant sur la PEC du malade insuffisant respiratoire chronique(IRC) au CMRRF de Kerpape (merci G.Robic) a été présenté. Cette vidéo est une démonstration réelle de l’importance du travail pluridisciplinaire dans le PEC des IRC en centre de rééducation.


Image tirée du blog SuccessBlog
   P. Duché nous a présenté l'apport de l'AP dans le traitement des pathologies métaboliques. Chaque individu stabilise sa balance énergétique entre les entrées et les sorties d'énergie. Une personne obèse possède un apport calorique élevé et une composition corporelle en masse grasse plus importante que la masse maigre. L'obésité peut être analysée comme une adaptation à une surconsommation alimentaire.
En réhabilitation, la création d’un déséquilibre est nécessaire pour retrouver un équilibre énergétique plus sain. Il faut alors jouer sur les paramètres de la dépense énergétique, et tout ce qui est bon pour la personne saine ne l'est pas forcément pour la personne obèse. Le problème c’est que l’on intervient souvent que sur un seul système alors que cette pathologie est multifactorielle et nécessite une PEC pluridisciplinaire. Les programmes mis en place pour lutter contre cette maladie chronique sont efficaces à court terme mais à long terme toutes les études sont formelles, un pourcentage élevé de patients retrouve leurs habitus de vie sédentaire et redeviennent obèses.

   La présentation sur l’AP et les pathologies cardiovasculaires de F. Carré a été également remarquée. L’AP dans les années 1980 était contre indiqué pour ce type d’atteinte. 10 ans plus tard les études prouvent qu’il n’y a aucun effet délétère et désormais l’AP est une pratique plus que recommandée dans ces pathologies. Il souligne l'importance de la formation des thérapeutes et surtout l'éducation thérapeutique du patient. Les AP doivent être diversifiées afin de ne pas se contenter de mettre les patients sur les cyclo-ergomètres (privilégier le travail intermittent en fin de PEC). Cette PEC tentera de se rapprocher des activités que les patients peuvent reproduire chez eux.

   Les sessions de communications ont également été riches en enseignement. En ce sens  l’impact d’une APA sur les patientes atteintes d’un cancer du sein a été développé. La prise de poids chez ces patients possède un mauvais pronostic vital. Quasiment toutes ces patientes arrêtent leur AP après l’annonce de leur cancer pour inscrire leur comportement dans le syndrome des 3H. Les effets bénéfiques de l’AP sont connus et reconnus pour ce type de pathologie, mais la question à laquelle il est nécessaire de répondre : comment motiver à la pratique physique les personnes atteintes d'un cancer du sein selon les recommandations en vigueur (30min d'exercice modéré quotidien). Comment faire pour que ces patientes adhèrent à leur programme d'AP. Les barrières à l'AP se retrouvent le plus souvent du côté du rapport au corps avec des remarques du type « au final l'AP ne protège pas du cancer, alors pourquoi continuer » et/ou l'impact de la pathologie et des traitements sur l'augmentation de la fatigue. Les patientes ne retrouvent pas leur niveau antérieur et l'exercice physique ne leur procure plus le même plaisir.

   L'anorexie mentale et la relation que ces patientes ont avec l'AP ont également été développées. L’AP pour ces patientes est considérée comme une pratique brûlante de calories et non comme une recherche de bien être. Un travail sur l'estime de soi, sur l'image du corps est à travailler par une APA de faible intensité (danse, yoga, taï-chi) afin de ne plus être dans l'hyper AP, trouble caractéristique de ces patientes ayant des retentissements au niveau psychologique.

   Le GERAR a pu remarquer que le pédalage unilatéral s'ouvre aux patients amputés d'origine vasculaire et semble avoir de meilleurs résultats en terme de reconditionnement à l’effort comparé à un pédalage sur ergomètre à bras. Le LIPOXmax est influencé par le mode d’exercice lors des tests en laboratoire (pédalage sur ergocyle ou épreuve de marche/course). Cette constatation doit être alors pris en compte afin d’individualiser les PEC en fonction des exercices mis en place lors des programmes d'AP.

Concernant les tests fonctionnels en réhabilitation et il s’avère que dans l’obésité infantile les tests d’effort en sous max sur cyclo-ergomètre semblent être plus fiables que les tests de marche navette et le test de marche/course de 12 minutes, dans le suivi de l’évolution de l’endurance cardio-respiratoire de ces patients. Il a été également question d’un nouveau test de marche de 6 minutes (TM6) agrémenté d’obstacle. Sur le parcours de 30 mètres sont donc disposés des haies basses, des lattes et des plots. Le but étant de se rapprocher des conditions extérieures et l’auteur Slawinski.J propose de prendre la différence de temps entre le TM6 classique et le TM6 avec obstacles afin de créer un indice de capacité fonctionnelle.


Avis du GERAR :
L'AP possède des effets positifs sur bon nombre de pathologies, cependant :
  • Une évaluation doit être réalisée avant toute AP. Celle-ci s'attachera à définir le profil du sujet : actif, sédentaire ou autre. Cette évaluation objective doit se rapprocher au plus près de l'environnement du sujet et/ou de ses capacités. L'aide d'un questionnaire n'est pas une chose inutile afin de mieux appréhender les capacités et/ou incapacités du patient qui est en face de vous.
  • L'AP proposée doit s’adapter aux capacités du patient. Elle doit donc être progressive et corrélée aux évaluations passées précédemment. On peut alors parler du concept des 3R (activité raisonnée, régulière, raisonnable) développé initialement par Pillard R et coll. en 2007.
  • L'AP doit être en adéquation avec les projets du patient et du staff pluridisciplinaire gravitant autour de celui-ci. Perte de poids, renforcement musculaire, travail de coordination, ré-entraînement à l'effort, etc.
  • Les effets bénéfiques à court et à moyen terme d'un programme d'AP sont faciles à prouver si les patients sont compliants et motivés. A long terme, les patients semblent perdre leur motivation à pratiquer.

Comment faire alors? Ce sédentarisme (mode de vie ou pathologie) possède des effets délétères sur les facteurs bio-psycho-sociaux de l'être humain. Quelles sont alors les stratégies à mettre en place pour intégrer la pratique d'une AP chez ces publics inactifs. Il n’a pas été question de prévention, ou très peu durant ce congrès, mais qu’elle est la place et l’impact des programmes d’AP dans la prévention des maladies chroniques ? Ce sera peut être l'occasion d'en débattre lors des prochains congrès à venir.

Vous pouvez toujours suivre le fil twitter du congrès de l'AFAPA en suivant @LeGERAR pour toujours plus de nouvelles concernant la rééducation et/ou la réhabilitation au niveau national et international

MV.

6 commentaires:

  1. Merci pour votre article que je trouve particulièrement intéressant

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ce résumé, attention; "On peut alors parler du concept des 3R (activité raisonnée, régulière, raisonnable)" développé par le Pr Rivière Daniel, Toulouse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas trouvé cette référence chez le Pr Rivière. Cependant si cette référence s'avère vérifiée et si vous avez les documents parlant de ce concept par le Pr Rivière, je suis preneur. Et par conséquent je rajouterais un erratum.
      Merci en tout cas pour cet éclaircissement.
      Cordialement,
      MV.

      Supprimer
    2. Je viens de trouver cette référence non datée du Pr Rivière - http://www.observatoire-du-mouvement.com/upload/contenu/regledes3r.pdf et une autre ci après www.ligue-cancer.net/article/download/4173 mais cette fois-ci datée (2009) après la parution du livre mis en lien dans l'article.
      Avis aux amateurs...

      Supprimer
  3. Vous trouverez à cette adresse l'acte du congrès en format .pdf http://www.staps.u-psud.fr/_attachments/afapa-2012-article/Actes%2520Congr%25C3%25A8s-AFAPA-2012-Orsay.pdf?download=true
    Bonne lecture !
    MV.

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour,

    je cherche des articles sur l'étude des pressions exercées lors du pédalage au niveau du genou sur vélo ergonomique ou vélo en extérieur et le rôle anti-arthrose de la pratique du vélo (?). Merci pour vos réponses.

    RépondreSupprimer

Printfriendly



Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...