25.2.12

Facteurs d'influence du comportement sédentaire...

     Identifier les comportements sédentaires (CS). Lourde tâche pour tous ces articles qui tentent de mettre le doigt sur tel ou tel facteur augmentant la sédentarité et l'impact négatif que possède cet habitus sur la santé des individus.

      Un constat dans l'étude d'Owen et coll en 2011 [1], le sédentaire se démarque de ses congénères par sa posture favorite : la position assise.
     Cette position est considérée comme ayant un risque délétère sur la santé.

La compréhension de ce mode de vie passe par une analyse épidémiologique passant par 5 points :
      + Analyser la relation qui lie la santé d'un individu et son CS.
      + Mesure du CS.
      + Caractériser les différents CS en fonction des populations.
      + Identifier les déterminants d'un CS.
      + Développer et tester différentes interventions luttant contre la sédentarité.
  
     Il est important de pouvoir définir correctement le CS. Celui-ci se caractérise pour l'auteur par « une position assise privilégiée associée à une faible dépense énergétique ». Il n’y a donc aucun rapport avec le niveau, le temps et l'intensité de l'AP pratiquée. Selon cette définition, un sujet qui possède un CS peut pratiquer une AP (intense ou non) pendant 90 minutes tout en passant plus de 10h assis lors de ces journées.

     Une approche écologique voit le comportement de l'individu influencé à différents niveaux : psycho-social, organisationnel, environnemental, etc. L'homme moderne est alors imbriqué dans un mode de vie qui impose la position assise : transports, lieu de travail, loisirs. Avec l'expansion d'un mode de vie citadin et les facilités de communications, l'homme du XXIème peut tout avoir à portée de main sans se déplacer, augmentant l'inactivité des individus. Par exemple, les habitants des banlieues seraient plus enclin à posséder un comportement sédentaire car le mode de déplacement privilégie la position assise, la densité des habitations et des commerces diminuent les possibilités de déplacement demandant une AP modérée telle que la marche à pied, le roller, le vélo. Les travaux scientifiques concernant ce versant sont encore restreints et ne demandent qu'à être approfondis. Cependant, le mode de vie et la norme sociale sembleraient directement liés au comportement du sujet.

      L'environnement domestique et en particulier les activités écrans possèdent un impact délétère certain sur la santé de l’individu. Rapportant les résultats d'une étude [2] sur la réduction de plus de 60% des activités écrans dans la vie quotidienne d'individus obèses ou en surpoids, les auteurs remarquent une diminution du CS des sujets de 3,8% comparé au groupe contrôle augmentant leur CS de 1,1%.
Figure 1: Facteurs influençant l'individu.
      La figure 1 du PNNS de 2005 [4] (tirée d'une étude de Booth et coll [5]) place bien l'individu au centre d’interactions individuelles, sociales et contextuelles ; Ces différents niveaux possèdent tous des impacts sur le sujet en fonction de la position de celui-ci dans son environnement.

     Deux modèles émergent afin de diminuer le sédentarisme. La théorie socio-cognitive qui voit la résolution du CS par un travail sur soi, sorte de défi au quotidien comme s'imposer un temps limite assis, rester debout lors des temps de transports en commun, ne plus prendre les escalators, etc. Et la théorie comportementaliste qui semble donner le choix de réaliser une activité selon différentes modalités, comme danser en écoutant de la musique, rester debout lors de cours de dessin ou de peinture, etc. Tous les moyens sont bons, l'utilisation d'un podomètre peut jouer un rôle de motivation lors des AVQ, et plusieurs études se sont déjà penchées sur l'objet [6-8] (et bel exemple ici). Aujourd'hui, les études portant sur l'augmentation de l'AP pour lutter contre la sédentarité ne démontrent pas une diminution du CS des sujets.
 
     L'un des objectifs de l'article d'Owen [1] est de comprendre les différents déterminants qui forcent la personne adulte à rester assise. Owen et coll. ne sont pas allés chercher une réponse à la sédentarité dans le manque de sommeil, une équipe de chercheur d'Atlanta [3] ont analysé cette relation chez des lycéens nord-américains.

     Foti et coll. [3] ont analysé les réponses de plus de 14500 lycéens des USA à 3 principales questions : Combien d'heures par nuit en semaine scolaire dormez vous en moyenne ? Durant les 7 derniers jours, combien de jours avez vous participé à une AP légère à modérée pendant au moins 60 minutes par jour, et combien de jours avez vous eu une activité physique intense d'au moins 20 minutes ? En moyenne, combien d'heures regardez vous la télévision par jour scolaire ?

      Les résultats démontrent une diminution du temps de sommeil fonction du niveau scolaire du lycéen. Plus l'élève va loin dans sa scolarité, moins il dort. Empiriquement le sommeil suffisant de l'adolescent est évalué à 8h, plus d'un tiers des élèves questionnés ne dorment pas assez. Les élèves réalisant une AP légère à modérée semblent plus apte à avoir un sommeil suffisant. Il semblerait aussi que la fréquence et la durée de l’AP aient plus d'importance que son intensité pour avoir un sommeil suffisant. Cependant en fonction de l'ajustement de l'analyse (niveau scolaire, genre, ethnies) certains résultats sont contradictoires avec certaines études précédentes.
     Les auteurs soulignent quelques limites à leur travail tel que la passation du questionnaire en mode auto-questionnaire, la non-objectivation de pathologies du sommeil, et le nombre et la place de l'écran dans l'habitation de l’adolescent.

L'avis du GERAR :
     Les preuves que le sommeil influence la CS ne sont pas encore vérifiées, par contre le temps d'AP semble posséder un rôle sur le temps de sommeil. Les futures études doivent mettre en lumière les mécanismes qui influencent le temps de sommeil, le niveau d'AP et un CS. Le CS semble être influencé par différents facteurs. Il est alors important de savoir sur quel(s) facteur(s) se baser afin d'individualiser les réponses pour le sujet.
      Soulignons alors la difficulté de mesurer la sédentarité, car même si nous avons tous des CS dans une journée, nous ne sommes pas tous égaux face à l'AP que nous pratiquons. Le prochain post verra le partage, par un nouveau collaborateur, d'un travail écrit par le Dr Mark Tremblay sur un essai de consensus concernant la définition du CS. Et peut être que ce travail verra la création d'outils de mesure fiable du CS via une définition commune internationale.

      Le but des interventions luttant contre la sédentarité est de diminuer le temps passé assis [1]. Le mouvement comme solution à la sédentarité des sujets ? Remplacez alors votre temps assis par une activité telle que rester debout en parlant au téléphone, faire du vélo d'appartement tout en regardant la télévision, réviser son anatomie en réalisant des exercices de musculation, etc. 

    Comment lutter contre la sédentarité des patients que nous avons en charge ? Le mouvement comme réponse aux différentes pathologies rencontrées en tant que professionnels de santé ? Tout dépend de la pathologie et de l'objectif de la prise en charge. Peut être que ce mouvement permettrait d’avoir un impact sur le sommeil,  sur la santé et sur le CS du patient qui en début de PEC est souvent assis dans son fauteuil. L’AP comme moyen également de diminuer ou de supprimer les traitements médicamenteux comme l’avait énoncé l’HAS via le développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses (informations ici ou ).

      A vous de faire jouer la pluridisciplinarité des prises en charge afin de trouver des solutions adaptées à chaque type de population pour lutter contre la sédentarité.

MV.


[1] Owen N, Sugiyama T, Eakin EE, Gardiner PA, Tremblay MS, Sallis JF. Adult's sedentary behavior, determinants and interventions. Am J Prev Med 2011;41(2):189-196.  accès restreint
[2] Otten JJ, Jones KE, Littenberg B, Harvey-Berino J. Effects of television viewing reduction on energy intake and expenditure on overweight and obese adults : a rendomized controlled trial. Arch Intern Med 2009.;169(22):2109-15 accès libre
[3] Foti KE, Eaton DK, Lowry R, McKnight-Ely. Sufficient sleep, physical activity, and sedentary behaviors. Am J Prev Med 2011;41(6):596-602. accès libre
[4] Programme National Nutrition Santé (PNNS).Activité physique et santé,arguments scientifiques et pistes pratiques. 2005. accès libre
[5] Booth SL, Sallis JF, Ritenbaugh C et al. Environmental and societal factors affect food choice and physical activity: rationale, influences, and leverage points. Nutr Rev; 2001, 59(3):S21-S36. accès restreint
[6] Baker G, Gray SR, Wright A, et al. Scottish Physical Activity Research Collaboration (SPARColl). The effect of a pedometer-based community walking intervention ”Walking for Wellbeing in the West” onphysical activity levels and health outcomes: a 12-week randomized controlled trial. Int J Behav Nutr Phys Act 2008;5:44.  accès libre
[7] De Cocker KA, De Bourdeaudhuij IM, Brown WJ, Cardon GM. The effect of a pedometer-based physical activity intervention on sitting time. Prev Med 2008;47(2):179–81. accès restreint
[8] De Greef K, Deforche B, Tudor-Locke C, De Bourdeaudhuij I. A cognitive-behavioural pedometer-based group intervention on physical activity and sedentary behaviour in individuals with type 2 diabetes. Health Educ Res 2010;25(5):724 –36. accès libre

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